Coup dur pour l'édition en ligne
Si le vingtième siècle ouvrit de nouveaux espaces de liberté pour l'expression écrite, le vingt et unième est en train de les réduire en prétextant vouloir les préserver. On assiste au même phénomène qui succéda à l'invention de l'imprimerie et déjà le pouvoir politique n'y était pas étranger. En France, pour lutter contre la prolifération des pamphlets fustigeant son action, Louis XIV instaure la censure à travers un droit royal de reproduction accordé aux imprimeurs. À la révolution, à l'initiative de Beaumarchais qui crée la première société des auteurs, on accorde le droit d'auteur et on met en place les premières mesures de copyright. Cependant, dans la foulée, on assiste aussi à la naissance des premières maisons d'éditions qui vont servir d'intermédiaire entre l'auteur et l'imprimeur. Les éditeurs, on les appelle libraires à l'époque, deviennent alors tout puissants, en créant des prix littéraires au début du vingtième siècle et en sélectionnant les œuvres à lire. De leurs choix, dépend souvent l'avenir d'un auteur. Ils resteront maîtres de la création jusqu'à l'arrivée d'Internet et des premiers éditeurs- imprimeurs en ligne. Ces derniers travaillent à la demande et par envoi postal. Amazon avec Kindle en devient le représentant le plus connu. Désormais, l'écriture n'est plus réservé au cénacle réduit des écrivains à la mode. Tout auteur en devenir obtient un accès à l'édition. Le réseau des grands éditeurs et des libraires classiques qui exerçait jusque là un pouvoir sans partage, se voit concurrencer. Encore une fois, le pouvoir politique vient à sa rescousse. Pour favoriser le réseau des libraires eux même assujettis aux grandes maisons d'édition, il vient de relever le prix plancher minimal des envois postaux à trois euros pour tout ce qui concerne le commerce des livres. Les auteurs auto édités ou diffusés à la demande en seront les premiers affectés et les auteurs maisons pourront de nouveau régner en maîtres sur le monde littéraire.