Le temps du roman 

Dans le roman, un genre que j'affectionne particulièrement (mais existe-t-il encore un genre roman?), le temps du récit est le passé simple. "Nous partîmes cinq cents et par un prompt renfort, nous nous vîmes trois mille en arrivant au port." Le présent de narration ne s'emploie qu'à de rares occasions l'écriture à la première personne également. Ces procédés sont parfois utilisés pour donner du réalisme au récit. "Sous moi donc, cette troupe s'avance". Ils ne sont donc pas systématiques et ne répondent pas à une facilité de langage mais au contraire, enrichissent sa complexité. Dans le roman, l'auteur doit s'effacer au profit de ses personnages ce qui ne l'empêche pas, à travers leur choix et leur construction, de laisser apparaître sa pensée. Elle est seulement suggérée et c'est au lecteur de la deviner. Aujourd'hui, la plupart des œuvres contemporaines sont autobiographiques voire psychanalytiques. On ne peut pas parler de romans mais de témoignages ou d'essais selon  qu'il s'agit d'un récit vécu ou d'un ensemble de réflexions sur le genre humain. Le véritable roman ne se retrouve plus que dans le Polar ou les œuvres de SF. D'ailleurs, Balzac et Zola, deux grands romanciers du passé, retrouveraient facilement leurs marques dans un roman de Chase ou de Simenon. Quant à Jules Vernes, Stevenson ou Maurice Blanc, ils ont donné au style romanesque leurs lettres de noblesse et ont renoué avec un genre qui date du Moyen Âge (Le roman de Renard).